4 décembre 2009

Anglicans et catholiques romains: Main tendue ou l'heure de verite?

L’Église anglicane épiscopale est catholique parce qu’universelle. Elle est aussi reformée puisque sa structure constituée de laïcs, de diacres, de prêtres et d’évêques, a été rajeunie au XVIe siècle . Le christianisme s’est implanté en Angleterre avec l’occupation impériale romaine. Comme c’était le cas pour tous les pays d’Europe, l’Eglise d’Angleterre était en communion avec Rome jusqu'à la fin du Moyen-âge.
Durant le XVIe siècle, dans certains pays européens, certaines églises entamaient des réflexions profondes sur le sens profond du christianisme et, de fait, sur leur relation avec Rome. Ces réflexions donnaient naissance non seulement à différentes évolutions dans l’Eglise mais surtout à la Réforme. Celle-ci faisait perdre Rome d’énormes richesses qu’il voulait ensuite récupérer en souhaitant plus d’unité au sein des églises. Certains réformateurs anglais et allemands tels Cranmer, Luther et Calvin allaient protester contre les dictats romains pour sceller officiellement leur refus de Rome puis poser les bases de la Réforme.

Il n’est un secret pour personne que la Communion Anglicane est une frange du christianisme qui a connu ces derniers temps d’énormes évolutions. Depuis les années 1970 avec l’acceptation des femmes ordonnées passant par l’acceptation des homosexuels ordonnés jusqu'à la bénédiction des couples du même sexe, certains ont réussi à rattraper le train, d’autres non. Ainsi donc, depuis 1990-91, certains épiscopaliens (y compris évêques, prêtres et laïcs) se sont séparés de la Communion Anglicane. Ils se sont regroupés sous le vocable « Traditional Anglican Communion » (TAC) sous le leadership de John Hepworth, l'archevêque de l'Église catholique anglicane d'Australie. Ils ont entamé, au début des années 1990, un dialogue avec le Vatican sur leur éventuel rattachement à l’Église catholique romaine. Un projet qui était a l’étude mais qui a finalement trouvé la bénédiction du pape Benoit XVI, selon une source du Vatican, le 20 octobre 2009 avec la création d’une structure canonique sous forme d’ordinariats (diocèses) à travers le monde visant à accueillir les fidèles de tradition anglicane qui ont demandé à obtenir la « pleine communion » avec Rome . Là où le bas blesse c’est que, les prêtres, bien que mariés, seront réordonnés par l'église catholique romaine. C’est un signe qui vient non seulement sceller la position historique de l’église catholique romaine à l’ égard de l’église épiscopale/anglicane mais aussi, me demanderais-je, n’est-ce pas une brèche qui s’ouvre pour porter l’église catholique romaine a une réflexion plus profonde sur le célibat des prêtres? Est-ce une attitude déloyale? Il faut bien se le rappeler qu’une pareille situation a déjà soulevé au XIIe siècle des malentendus entre les autorités romaines et orthodoxes. Et, l’église catholique romaine avait fait son mea culpa puis promis qu'elle ne procéderait plus ainsi. Vu la fragilité actuelle de la Communion Anglicane (conservateurs-libéraux), le chef spirituel des anglicans, l’archevêque de Cantorbéry Rowan Williams Douglas, a toutefois fait remarquer dans un communiqué conjoint avec le cardinal-archevêque de Westminster que cette décision de l’église romaine ne met pas en cause l’amitié des deux églises. Cette position de l’archevêque de Cantorbéry ne semble pas faire l’unanimité dans la communion anglicane car Mgr. Carlos López Lozano, de l’Église Épiscopale réformée de Madrid (Espagne) pense, pour le répéter textuellement, que […] cela donne l’impression que l’Église de Rome tente de profiter à son propre bénéfice, de la situation de débat interne existant actuellement au sein de l’église de la Communauté Anglicane ». Selon lui, l’intention de l’église romaine d’accaparer le plus grand nombre de fidèles anglicans/épiscopaliens se montre manifeste depuis le XIXe siècle. Cependant, dit-il, malgré tout, «le nombre de catholiques romains qui intègrent l’Église de la Communion Anglicane est très supérieur à ceux qui l’abandonnent en direction de Rome». Comme, pour répéter l’évêque-primat du Brésil Don Olavo Ventura Luiz, de regretté mémoire, « la nuestra es una iglesia timida » (notre église est timide), par courtoisie, respect et discrétion, le nombre de prélats de l’église catholique romaine qui ont déjà rejoint la communion anglicane reste inconnu. Le beau de tout ça c’est qu’il n’y a aucune nécessité de créer des structures spéciales pour eux. Pourtant, l’inverse donne l’impression qu’ils ne peuvent pas assumer pleinement leur nouvelle identité romaine. Le défi à relever se montre déjà grand pour les autorités romaines. Pendant qu’elle continue à perdre des diocèses et de nombreuses richesses pour questions d’homosexualité (de pédophilie ou autres), comment gérer une seule et même église où les prêtres ne jouiront pas des mêmes privilèges même sur le plan sentimental, l’une des grandes dimensions humaines et même l'une des  causes des scandales dans l'église. 

Cependant, personne n'est contraint de vivre sa foi sous nos toits, si pour quelques motifs de conscience, certains anglicans/épiscopaliens souhaitent rejoindre l’église romaine et vice-versa, puisse Dieu bénir leurs décisions. Sachez que Dieu ne change pas. Si vous le cherchez et ne le trouvez pas encore, continuez à le chercher.  

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