L’année 1861 marquait dans l’histoire universelle une étape dont l’humanité garde encore aujourd’hui les séquelles douloureuses: La ségrégation raciale. A la différence d’autres civilisations, quelques années après son indépendance, soit un demi-siècle environ, Haïti s’était déjà transformé en terre d’accueil pour ceux-là qui, chez eux, s’étaient vus considérés comme inhumains en raison de leur couleur de peau. Durant cette époque, le jeune prêtre afro-américain Jacques Théodore Holly et une centaine d’autres congénères avaient choisi la jeune nation comme leur destination. Celle-ci, n’exigeant pas trop, accepte les gens avec leurs croyances, leurs cultes et leur foi. C’est ainsi qu’ils avaient amené avec eux et vécu, sans contrainte aucune, leur foi épiscopale/ anglicane sur le sol d’Haïti. Il est bon de rappeler aussi que ce fut une période de grands bouleversements sur le plan religieux en Haïti. C’était le moment de la consolidation de l’église catholique romaine comme l’église d’état, l’église officielle. Malgré les hostilités institutionnelles de toutes sortes, c’est au coté du peuple haïtien hospitalier mais abattu que l’Église Épiscopale d’Haïti a grandi jusqu'à célébrer durant toute l’année 2011, dans tous les départements du pays, les 150 ans de son établissement définitif. Cent Cinquante ans, marqués d’incertitude de toutes sortes et d’une espérance ferme, au cours desquels cette branche de l’église universelle a accumulé beaucoup d’énergies qu’elle a toujours transformées en engagement de foi au service du peuple haïtien sans exclusion de personne, sans considérations de facteurs biologiques, physiques, religieux, ethniques ou sexuels.
En prélude des 150 ans, Monseigneur Jean Zache Duracin a, lors du synode diocésain 2006, déclaré ouvert un quinquennat d’évangélisation sur tout le territoire national. C’est au beau milieu de ce quinquennat, en 2008 lors de la convention générale de l’Eglise Episcopale des Etats-Unis d’Amérique, que Jacques Theodore Holly, le pionnier de l’Église épiscopale d’Haïti, a été admis dans la liste des bienheureux, parmi ceux-là qui s’en vont mais qu’on n’oublie jamais. Outre les réalisations sociales au service du peuple haïtien, l’admission de Jacques T. Holly à ce niveau constitue, pour le peuple haïtien et les épiscopaliens en particulier, des motifs d’engagement en vue d’une église plus forte et plus rayonnante. La vie et le ministère de Jacques Theodore Holly constituent un apport des valeurs d’Haïti au monde entier.
La dernière parution du journal Ecclésia se faisait autour du thème général : « L’Eglise d’Haïti d’aujourd’hui : Mission, Evaluation et Perspectives d’avenir ». Il nous revient à rappeler que c’est dans les zones rurales du pays qui peinent à se relever des maux les plus élémentaires qu’a vraiment commencé le développement du ministère de l’église épiscopale d’Haïti. Ainsi donc, durant l’année 2011, des manifestations religieuses avaient eu lieu dans tous les coins du pays. Ces manifestations symbolisent l’engagement de l’église au côté de ce peuple pour qu’il devienne plus humain par le biais d’une éducation de qualité et accessible a tous, des soins de santé aux enfants et aux femmes, les couches les plus vulnérables de la population. L’année 2011, suite au terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, n’est pas à la fête.
Au bout du quinquennat d’évangélisation, en 2011, l’Église épiscopale d’Haïti entre dans l’histoire en élisant pour la première fois dans son histoire, un évêque suffragant pour la région du Grand Nord. Cela entre dans un plan de décentralisation et d’expansion de la foi de cette branche de l’Église universelle dans cette partie du pays.
Au seuil du nouvel an, je formule à l’ endroit de tous des vœux de bonheur, de paix et d’unité dans le but d’affronter les défis qui nous assaillent.
Rev. Jean Fils